Quel sera votre défi confinement ? Chiche de rester avec un mari alcoolique et violent pendant 45 jours ?
Le 16/03/2020 à 17:33, par Maxence (Marketing résistant)
Bon... l'info a fuité de partout et vous êtes déjà certainement au courant
(d'ailleurs, ça me fait penser qu'il faudra que je vous parle un jour de la technique du “pied dans la porte”)
On risque de rentrer en confinement total pour une bonne grosse période.
Genre 45 jours.
(Manu nous dira ça ce soir, je ne sais pas si c'est valable pour toute la france ou juste paris)
45 jours...
Pour moi, j'avoue, en bon collaspo, ça fait presque un an que j'avais quelques stocks (que j'avais presque oublié d'ailleurs).
Je bosse sur internet.
Je n'ai pas d'enfants à occuper.
Et ma vie de couple est on ne peut plus saine.
Donc ne comptez pas sur moi pour jouer les petits calimero.
(y'en a d'autres qui fuient leur pays en guerre, alors moi et ma liberté d'interaction sociale... on s'en fout un peu)
En revanche, il y en a d'autres pour qui le foyer familiale n'est pas une nid douillet.
Mais plutôt quelque chose qui se rapproche de l'enfer.
Ou qui peut évoluer vers l'enfer.
Il y a des femmes qui tremblent et s'en vont pleurer silencieusement aux toilettes lorsqu'elles comprennent qu'elles vont devoir vivre avec un mari alcoolique et violent pendant 45 jours.
Il y a des enfants qui subiront le manque de patience de leurs parents à coup de réprimandes et probablement de claques dans la gueule,
Il y a des animaux de compagnie, comme les chiens, qui en tomberont malade de devoir faire leur besoins cachés derrière le canapé ou se feront fortement réprimander (qui pense à acheter une litière à son chien, et comment lui apprendre à faire dedans ?)
Il y a ces couples qui se croyaient amoureux, et qui se découvriront infames de vivre dans un petit appartement de 25m²,
Il y aura les déprimes et les angoisses des autres à gérer,
Il y aura celles et ceux qui devront vivre avec des relations toxiques à la maison alors qu'ils avaient prévu de déménager, tout heureux, la semaine prochaine.
Le dilemne du voisin qui vient frapper (je l'aide ou je ne lui répond pas ? j'ai peur qu'il me contamine, j'ai peur qu'il puise dans mon stock et pourtant j'ai envie de l'aider)
Il y aura peut être même des coupures de réseau ou les bugs laissés en suspen par les équipes des GAFAM mises en quarantaine, bugs et et coupures qui suppriment le dernier échappatoire que nombre d'entre nous se construisent : Internet, Netflix, (mais préféré quand même des chaînes de qualité sur Youtube).
C'est probablement ça qui marquera les esprits.
Le quotidien, plutôt que la grosse grippe.
On verra fleurir l'année suivante ses incroyables histoires sur “les bébés Corona”,
Ceux conçus pendant le confinement,
Ou l'histoire des courageuses mamans qui donneront naissance à leur bébé dans un hopital en crise.
C'est à toutes celles et ceux là auxquels je pense avec cette histoire de quarantaine.
Parce que c'est facile de dire au monde de rester chez soi, qu'il suffit de ne pas sortir.
C'est facile de faire la morale lorsqu'elle ne nous coûte rien.
C'est un peu moins facile que d'avouer que son foyer est un enfer, et qu'on se cachait derrière les sorties et la “liberté” pour fuir le rếve déchu de sa vie de famille qu'on imaginait idéale.
Mais au fait Marc, pourquoi je vous parle de ça ?
Pour vous faire déprimer ?
Certainement pas.
Plutôt pour vous donner une autre perspective.
Donner de l'écho à un murmure.
Vous montrer que l'empathie cognitive est un verbe d'action.
Que pour imaginer la vie des autres (la base pour fédérer une communauté),
Il ne faut pas projeter sa conscience dans celle des autres.
Mais plutôt conjuguer les autres à la première personne, sans apriori.
“Je suis une femme qui n'a pas eu le temps de quitter son couple, enfermé dans un appartement”
“Je suis un enfant hyperactif cloitré dans sa chambre”
A quoi je pense ? Qu'est ce que je ressent ? Qu'elles sont mes peurs, mes envies, mes espoirs, mes questionnements ?
Quelles sont les solutions qui me viennent à l'esprit ?
Quels sont mes échappatoires ?
Alors c'est sûr Marc, j'aurai pu vous la jouer cui-cui les petits oiseaux.
Vous dire que le confinement a du bon,
Qu'on se rend compte qu'on peut être heureux d'un bon livre, un câlin,
Des multiples séances de méditation
Du temps pour apprendre, créer, partager, jouer.
Et découvrir les milles ressources que l'on a en nous.
Mais je suis sûr qu'on vous la déjà servi ce discours.
Et je n'aime pas trop les discours simplistes.
Si les gens agissent comme ils le font, c'est parce qu'ils ont une raison.
Le monde n'est pas peuplé d'imbéciles.
Ils ont (peut-être) juste un référentiel différents du vôtre.
(même si certains manquent complètement et gratuitement de civisme, on est bien d'accord !)
Un peu comme l'histoire de cette personne qui double tout le monde par la file d'arrêt d'urgence.
Connard fini ?
Ou maman qui vient d'avoir un coup de fil de la part de son fils catastrophé qui vient d'être le témoin de la crise cardiaque de son père ?
Vous ne le saurez jamais.
Les deux existent.
Et probablement dans des proportions pas du tout similaire.
Mais ça vaut la peine d'y penser.
Ca rajoute de l'intelligence, de la complexité, de la nuance, du réel aux situations.
Et c'est pareil pour toutes les relations que vous tisserez avec votre communauté ou vos parties prenantes.
Alors efforcez vous de pratiquer l'empathie cognitive.
Prêter de l'intelligence aux autres plutôt que les condamner ou invoquer la société moderne.
Non seulement ça permet de vivre un peu plus en paix.
Mais ça ouvre le champ des possibles.
Je vous livre mes deux citations préférées pour l'occasion :
“Ecouter, c'est posséder, outre le sien, le cerveau des autres” Léo De Vinci
“Je suis homme, et rien de ce qui est humain ne m'est inconnu” Erasme
Au boulot,
Ca vient en pratiquant,
Et c'est comme ça que vous aurez de la stratégie pour changer le monde.
Empathie cognitive.
A demain. Maxence